Aubelois, Aubeloises, cette date du 11 septembre est inscrite profondément dans nos mémoires, celle des jeunes et des adultes de l’époque.
J’étais toujours à l’école primaire. La cruauté des V1 faisait que des voisins se protégeaient en se réunissant dans des caves aménagées en lieux d’accueil.
Le jour de la libération, nous étions rassemblés. Nous étions habitués dans la cave des frères Bosch (près du magasin de la demoiselle Moors au bas du village). Nous étions habitués à entendre les bottes cloutées martelant le sol aubelois, quand ce 11 septembre, vers 16 heures, papa, par le soupirail de notre cachette, voit et entend un changement de décor au niveau des chaussures et du bruit. Les bottes cloutées font place à des chaussures et le bruit retentissant fait place à un caoutchouc très silencieux. C’est alors que papa a crié : « Les Américains sont là ». Tous nous sortons de la cave, jeunes, adultes, personnes âgées pour accueillir chaleureusement ceux que nous attendions depuis longtemps, les soldats de la première armée américaine (1A). Nous étions à peine dans la rue qu’on annonçait l’arrivée des chars. Quelle fut notre surprise lorsque, sur le 1erchar, envahi de jeunes et d’adultes, nous apercevions monsieur Fléchet à l’avant du char et à l’arrière monsieur Joseph Vandendale, qui était visible de loin de par sa taille. Ce fut la grande fête animée par des farandoles où, entre américains et aubelois(es), il n’y avait que l’uniforme qui les distinguait des autres. De ce jour de fête, j’ai gardé certains souvenirs heureux mais d’autres aussi. Je retiens comme souvenir positif la distribution, par les militaires, de bonbons, du chocolat excellent, soigneusement emballés pour la conservation. Et puis, les cigarettes dont j’ai retenu certaines marques : Camel, Lucky Strick, Chesterfield Philip Moris… cigarettes bien meilleures que celles fumées pendant la guerre (Marouf). Certains jeunes ont fumé leur première cigarette ! D’autres souvenirs sont à classer dans le négatif :
- le décès du premier soldat américain sur le sol aubelois route de Battice.
- La bataille acharnée dans le fond du village, là où coule la Bel.
- Le camion allemand équipé d’un canon orienté vers ... Heureusement, les américains sont intervenus à temps. Le camion fut incendié ainsi que le chauffeur.
Chaque 11 septembre, il est bon de se rappeler que notre liberté s’est retrouvée grâce à nos libérateurs dont un certain nombre repose en paix au cimetière américain de Henri-Chapelle. La mémoire est si courte parfois.
P. Bour